mardi 12 février 2019

ARBITRAGE EN QUESTION ?


INTERVIEW

Mini-Flotte 76710 : Jean Louis tu es un des deux fondateurs de notre club et tu prends la décision de ne plus régater en régate officielle pour participer à l'arbitrage. POURQUOI ? COMMENT ?
- Jean Louis Richard : La dextérité des skippers du club devient de plus en plus affirmée. La connaissance des règles de course s'est très nettement améliorée par notre effort pédagogique et la distribution du livret de règles de navigation imprimé en 2017 que nous avions réalisé en équipe. 

Plusieurs d'entre-nous possèdent une bonne expérience de la compétition et peuvent donc arbitrer. Nous avons un très bon comité de course, présidé par Michel Frotiée et Alain Lamotte, assistés par Patricia Tréfouël, Nathalie Coffinet, Hélène Marlier et Catherine Bayeul. 
Nous pouvons organiser deux parcours lors d'une régate officielle le même jour pour deux flottes : RG et Dragon Force. Pour rappel, ces régates réunissent toujours plus de 24 voiliers et nécessitent donc deux flottes. Il fallait donc renforcer l'équipe d'arbitrage pour toujours faire face à l'absence éventuelle de l'un d'entre-nous.

Mais cela suppose de s'abstenir de continuer à régater et c'est un sacrifice difficile à assumer, car la voile c'est une course poursuite qui m'habite depuis toujours. 
Mais la passion de ce club chevillée au corps, mon intérêt personnel n'entre pas en jeu face aux nécessités. Il fallait élargir notre plateau de juges-arbitres, je me suis donc engagé.



M-F.76710 : Devenir juge-arbitre, cela ne s'improvise pas ! Alors comment te positionnes-tu ?
- J.L.R : Notre club n'est pas affilié, à mon grand regret, à la Fédération Française de Voile (FFV). Cela implique l'impossibilité de la participation de juge-arbitre FFV à nos régates quelques soient leur importance. 
Il faut donc pallier à ce vide. 
Je m'engage donc dans cet apprentissage mais à 77 ans, je ne peux pas m'inscrire dans une formation coûteuse, officielle et longue. 
Je choisis de me former sur le tas, par la pratique, lors de nos régates amicales, de notre challenge interne, sous le contrôle des skippers les plus expérimentés de notre club.


M-F.76710 : Comment envisages-tu cet engagement ?
- J.L.R : Toutes les observations se font à l’œil nu. Cela demande une grande attention visuelle au milieu d'un groupe de skippers très concentrés sur leur tactique mais parfois un peu agressifs verbalement. 
La première attitude est de calmer les esprits et maintenir l'esprit de la sportivité tout en étant objectif, rigoureux et neutre. J’acquiers autant que possible cette compétence.



M-F. 76710 : Comment fais-tu en régate ?
- J.L.R : D'abord lors du briefing, je dis clairement que j'apprends l'arbitrage et que je compte donc sur le respect des règles de course avec fair play et sportivité. 
J'insiste pour que tout rapport verbal reste courtois et que chacun n'attende pas à être hélé pour effectuer une pénalité s'il a commis une faute.

Je ne peux pas tout voir, il y a des situations qui m'échappent, car je ne suis pas assisté par des observateurs lors de régates amicales. Alors j'essaie de me concentrer avant tout, non pas sur les bateaux de tête qui sont souvent détachés et qui se contrôlent mutuellement, mais sur le peloton dans lequel les voiliers sont très proches des uns des autres. C'est là que se commettent le plus de fautes qu'il faut discerner immédiatement. L'analyse doit être instantanée, l'arbitre n'a pas le droit à l'erreur et doit annoncer sa décision immédiatement. 
C'est la difficulté majeure !

Si je reconnais mes erreurs d'appréciation, je tiens à ce que mes décisions soient appliquées immédiatement et que la "réparation" accomplie me soit annoncée clairement.

Après la course, j'explique mes remarques, mes décisions et j'admets qu'elles soient débattues. 

Si je me suis trompé, je présente mes excuses, c'est la moindre des choses... Mais heureusement ce n'est arrivé qu'une seule fois !

Sur le blog, les cas de figures qui me semblent intéressantes pour les débutants sont illustrées et ils sont d'ailleurs soumis à la vérification des skippers compétents.


M-F. 76710 : Cet engagement n'est-il pas trop lourd ?
- J.L.R : C'est un risque plutôt rigolo pour ma petite autorité mais c'est une responsabilité que j'aborde avec humilité car il faut toujours apprendre sans prétendre tout connaître et ne jamais faire d'erreur. 
Pour moi, une seule chose compte : être au service de ce club qui me passionne et dont j'ose être fier. 
Mais attention ! Ce n'est pas parce que j'en suis un des fondateurs que je me crois tout permis ! Je n'ai aucune disposition à la tyrannie d'un pouvoir quelconque même si je défends mes idées parfois trop vigoureusement... Ma seule ambition est être utile au dynamisme du club.
Je crois qu'il fallait y aller et c'est pourquoi j'ai choisi cette voie, conscient qu'elle n'est pas facile,  mais jusqu'à maintenant tout se passe bien. Et puis c'est un défi très intéressant qui va entretenir mes neurones vieillissants !