vendredi 11 août 2017

Vous avez dit "VENT THERMIQUE" ! ?

Les vents thermiques à Montville
(avec une petite dose d'humour)

Photo : Jean-François Bressy











Le plan d'eau de Montville fut creusé entre deux rivières en 1994-1995 et c'est donc la nappe phréatique sur laquelle les voiliers radiocommandés naviguent.




Situé en plein centre-bourg, sur l'espace de loisirs Jean-Loup Chrétien, les vents dominants sont de secteurs Ouest ou Nord-Est suivant le couloir des vallées légèrement encaissées de la Clérette et du Cailly.

La typographie paysagée tout autour du plan d'eau est donc aussi un facteur important dans l'organisation des phénomènes thermiques qui font l'objet de cet article mais n'est pas abordée en tant que telle car cela compliquerait trop la compréhension du système des brises thermiques qui obéit à des principes physiques bien définis, alors que le relief des berges implique des courants d'air aléatoires ou des turbulences instables très difficiles à décrire d'une façon utile.


Le plan d'eau de Montville est encaissé dans une vallée orientée Nord-Ouest avec des vents dominant d'ouest ou de Nord. Ces deux photos mettent en évidence une typographie du relief à prendre en compte dans l'organisation des vents dominants et des vents thermiques.
Plan d'eau de Montville : Photos d'Yves Bertho
Le plan d'eau est fermé et le rayonnement solaire a donc une influence considérable sur le régime des vents surtout pendant la saison chaude durant laquelle des épisodes de "pétole" ne sont pas rares. Et c'est dans cette configuration météorologique qu'il est intéressant d'aborder un sujet trop méconnu : celui des vents thermiques permettant de naviguer aux skippers les plus malins, les plus observateurs et les plus expérimentés. Il faut bien discerner la brise thermique de la pétole, ou autrement dit le vent nul.


Système des vents thermiques à Montville


Que se passe-t-il à  Montville ?

  1. La nuit, il n'y a plus de soleil et le système terre-eau se refroidit.
  2. Au début de matinée, la terre est froide tandis que l'eau est restée plus chaude. 
  3. Et la circulation des masses d'air s'effectue de la berge vers le centre du plan d'eau, le vent thermique est souvent très faible, difficilement discernable et une bonne girouette est alors une auxiliaire bien utile. (En bord de mer on parle de vent de terre).
  4. A la mi-journée, l'équilibre thermique est obtenu et donc les déplacements d'air disparaissent. C'est la "pétole" et il n'est plus possible de naviguer. Il est temps d'aller prendre l'apéro et un repas rapide à l'Hexagone... "ou d'aller embrasser Madame" !
  5. Mais l'après-midi la terre (la berge), se réchauffe davantage que l'eau et la brise thermique remonte donc en puissance progressivement. 
  6. Elle se produit à la saison chaude, sous condition anticyclonique. 
  7. L'air chaud s'élève au dessus de la berge et moins dense, il crée donc une dépression thermique qui attire par conduction les masses d'air plus froides situées au centre du plan d'eau. (En bord de mer on parle de vent de mer). 
  8. Cet air froid et humide se réchauffe à son tour et un phénomène cyclique se met en place.
  9. Mais quand le soleil baisse à l'horizon, en fin d'après-midi, l'équilibre des masses d'air générées par la berge et le centre du plan d'eau sont de températures égales et c'est à nouveau la "pétole" et il est grand temps d'aller retrouver sa dulcinée pour passer une douce soirée à ses côtés.
  10. Un peu d'humour, ça ne fait pas de mal... car tous les marins, même d'eau plate comme à Montville sont des affectifs, enfin, je le crois... 

Donc pour résumer le vent thermique se crée par les différences de températures entre la berge et le plan d'eau. L'air froid a tendance à prendre la place de l'air chaud.

La typographie paysagée des berges amplifie et complique les phénomènes thermiques et rend ces déplacements d'air capricieux, très localisés et souvent tourbillonnants, ce qui n'est généralement pas le cas dans les baies côtières du littoral.

Mais quand est-il pour la navigation en cas de vent faible ?

Choisir une bonne et visible girouette dans la gamme de Robert Paul offre aux skippers la possibilité de mieux anticiper, contrôler et agir en cas de brise thermique.

  • Là encore, la girouette en tête de mât simplifie l'observation de la brise thermique et permet une adaptation de l'ouverture des voiles immédiate et donc efficace. 
  • Naviguer qu'au foc, comme la plupart des cadors de la VRC, demande une expérience vraiment très technique. 
  • A Montville les skippers sans girouette sont donc aussi rares que les champions...
  • Une observation très méticuleuse du plan d'eau avant la mise à l'eau du voilier peut se révéler très utile. 
  • La brise thermique provoque parfois un frisson se déplaçant de micro-vaguelettes très localisées sur la surface de l'eau.
  • Des bateaux très proches peuvent avoir leur girouette indiquant des vent différents. 
  • Regarder la tendance générale des déplacements de bulles d'air est très souvent difficile à comprendre mais peut aider le skipper de sauter de bulle en bulle et de distancer ses concurrents (C'est aussi une question de chance) .
Quelques notions de base :
  1. Tout est alors une question de finesse, de nuance, de douceur. 
  2. Rien ne sert à donner de grands coups de safran en s'énervant, de border ou choquer brutalement.... 
  3. Quand on agit brutalement on reste planté, immobile incapable de relancer le voilier quand une brise légère se lève.  
  4. Il faut toucher le moins possible à la commande du safran.

Remarquer sur cette photo de Jean-François Bressy du 6 juillet 2016, l'orientation différentes des girouettes. 


Des bateaux portant très proches des uns des autres ne reçoivent pas les brises thermiques de la même façon.

Est-ce que les voiles des uns et des autres sont bien établies pour se relancer ? A vous de juger...

COMMENT AGIR ?
  • Il faut se garder, quand on fait des bords de près, de se positionner trop dans l'axe dominant du vent. 
  • Il est préférable de positionner sa coque à 50° de celui-ci. 
  • Il faut établir les voiles en position vent de travers, prêtes à se gonfler à la moindre brise et border en conséquence en cas de relance. 
  • Facile à dire, mais difficile à appliquer, si on n'est pas hyper-concentré sur son foc et sur sa girouette.
  • Bien sûr, il convient de mollir tout le gréement en détendant légèrement le pataras, les drisses de la grand-voile et du foc, il faut aussi  donner du creux aux voiles pour les rendre plus réactives et plus puissantes, de border légèrement le hale-bas et la balancine du foc. 
  • L'assiette de la coque sur l'eau doit être parfaitement équilibrée par la disposition des accus dans la coque soit un peu plus sur l'avant ou sur l'arrière.
  • Tout est une question de nuance, de calme et d'observation méthodique.
  • Oui, si possible, il faut lire le plan d'eau, repérer les bulles d'air qui se déplacent en produisant des zones de micro-vaguelettes à la surface et les schémas ci-dessus en explique le système thermique.
  • C'est ainsi que le skipper très expérimenté peut essayer de sauter de bulle en bulle d'air... 
  • Là encore, il faut de l'humilité car c'est aléatoire et difficile donc à appliquer.
Photo : Jean-François Bressy du 6 juillet 2016

Un conseil personnel :




En cas de vent très faible, il faut être très doux avec son voilier : plus on est "tendre" avec lui mieux il répond. 

Et ça marche ! Foi de Jean Louis, même si certains skippers de mon club rigolent bien de mes propos... 

Eh oui ! On le sait, j'aime beaucoup le petit temps...

Note : Cet article est inséré dans la rubrique "TECHNIQUE" 
Jean Louis Richard
FRA 252

-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-  .