Ou
les caprices d' Éole...
Par
Jean Louis Richard avec la colléboration de Robert Paul
Le
dimanche 12 mars 2017, à 7 h 45, note équipe se donnait rendez-vous, sur le parking Jean-Loup Chrétien de Montville, pour mettre en place
la logistique matérielle de notre régate interclubs RG65.
Il
faisait frisquet
malgré des prévisions météorologiques nous promettant du beau
temps avec un vent très faible.
À la surface du plan d'eau flottait immobile une brune opaque.
Je fis la « gueule de vent debout »* car notre régate serait complètement ratée surtout que nous attendions une trentaine skippers RG65 pour un premier départ de course à 10 h.
À la surface du plan d'eau flottait immobile une brune opaque.
Je fis la « gueule de vent debout »* car notre régate serait complètement ratée surtout que nous attendions une trentaine skippers RG65 pour un premier départ de course à 10 h.
Puis
le soleil s'éleva, la vapeur d'eau s'estompa mais c'était un calme plat, ou autrement dit, une "pétole"*
catastrophique et la journée s'annonçait difficile pour nos invités
dont certains venaient de 110, 282 ou 450 km.
Puis
arrivèrent les coureurs et après un briefing à 9 h 45, la procédure du
premier départ fut donnée avec une très légère brise,
irrégulière, aléatoire, entrecoupée de calmes plats. Situation que
tout organisateur de régate redoute car ce n'est marrant pour personne !
La
situation s'est peu à peu améliorée durant la matinée avec une
brise légèrement plus soutenue permettant aux meilleurs
spécialistes du petit temps de tirer tactiquement leur épingle du
jeu.
Eh
oui, les vents thermiques ont sauvé notre régate même si les moins
expérimentés des skippers ont eu bien du mal à accomplir un
parcours dog leg.
Puis
vers midi, ce fut à nouveau une implacable pétole... Heureusement,
c'était l'heure de l'apéritif et de la franche convivialité avant
le pique-nique qui caractérise la communauté RG65 française.
Que
s'était-il donc passé pour qu' Éole nous lâche?
Eh
bien tout simplement, vers midi les températures de l'air au-dessus
du plan d'eau et celles au-dessus des berges étaient rigoureusement
égales. Donc plus aucun déplacement de l'air froid plus lourd vers
les masses d'air chaud plus légères. L'équilibre thermique
atteint, c'était à nouveau le
« poteau noir»*
avec Éole*
bien endormi.
Mais
à 14 h, ma « gueule de vent debout » disparut car une
brise de plus en plus affirmée nous permit de régater jusqu'à 16
h, toujours avec des vents irréguliers et tourbillonnants mais avec
une brise permettant les manœuvres tactiques.
Des
courants d'air thermiques entraient dans la danse tout simplement
parce que le soleil réchauffait l'atmosphère au-dessus des berges
et des collines autour du plan d'eau, tandis que l'air au-dessus
de la surface de l'eau demeurait plus froid.
La
mécanique cyclique des masses d'air froides se déplaçant vers la
dépression créée par les masses d'air chaudes se renforçait au
fur et à mesure que la température environnante augmentait...
Mais
vers 16 h le vent mollit très rapidement car l'équilibre thermique
entre la berge et le centre du plan d'eau impliqua à nouveau une
pétole qui ne nous gêna cependant pas, puisque la régate était
«pliée» et que tous les skippers venant de loin étaient pressés
d'aller embrasser leur dulcinée.
Alors,
dans les années 50, quand je faisais de la voile dans la baie de Bénodet dans
le Finistère-Sud, le matin un vent de terre se levait, puis l'après
c'était un vent de mer qui gonflait les voiles du vaurien N° 14.
En
effet, tout vent est généré par des zones d'air froid se déplaçant
vers des zones d'air chaud : c'est ce couple pression-dépression qui est le moteur du vent.
Voilà
comment discerner la « Pétole » des « Vents
Thermiques » et voilà pourquoi comprendre qu'Éole est certes
capricieux, sur un micro-bassin comme celui de Montville, mais, que
ses siestes sont prévisibles, et qu'il se réveille toujours en
soupirant pour notre plaisir.
Jean
Louis Richard et Robert Paul, le 13 août 2017
*
Notes :
- "Gueule de vent debout" veut dire pour les marins "la tête des mauvais jours".
- "Pétole" désigne chez les marins l'absence de vent ou le "calme plat" ou encore le "fameux poteau noir" tant redouté par les skippers qui traverse l'Atlantique.
- "Éole" est le dieu mythologique grec du vent.
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