dimanche 13 août 2017

Pétole ou Vent Thermique ?


Ou les caprices d' Éole...

Par Jean Louis Richard avec la colléboration de Robert Paul

Le dimanche 12 mars 2017, à 7 h 45, note équipe se donnait rendez-vous, sur le parking Jean-Loup Chrétien de Montville, pour mettre en place la logistique matérielle de notre régate interclubs RG65.

Il faisait frisquet malgré des prévisions météorologiques nous promettant du beau temps avec un vent très faible. 
À la surface du plan d'eau flottait immobile une brune opaque. 
Je fis la « gueule de vent debout »* car notre régate serait complètement ratée surtout que nous attendions une trentaine skippers RG65 pour un premier départ de course à 10 h.

Puis le soleil s'éleva, la vapeur d'eau s'estompa mais c'était un calme plat, ou autrement dit,  une "pétole"* catastrophique et la journée s'annonçait difficile pour nos invités dont certains venaient de 110, 282 ou 450 km.

Puis arrivèrent les coureurs et après un briefing à 9 h 45, la procédure du premier départ fut donnée avec une très légère brise, irrégulière, aléatoire, entrecoupée de calmes plats. Situation que tout organisateur de régate redoute car ce n'est marrant pour personne !

La situation s'est peu à peu améliorée durant la matinée avec une brise légèrement plus soutenue permettant aux meilleurs spécialistes du petit temps de tirer tactiquement leur épingle du jeu.

Photographies de Francis Gruel du 12 mars 2016
Photo d'une typique brise thermique


Eh oui, les vents thermiques ont sauvé notre régate même si les moins expérimentés des skippers ont eu bien du mal à accomplir un parcours dog leg.

Puis vers midi, ce fut à nouveau une implacable pétole... Heureusement, c'était l'heure de l'apéritif et de la franche convivialité avant le pique-nique qui caractérise la communauté RG65 française.

Que s'était-il donc passé pour qu' Éole nous lâche?


Eh bien tout simplement, vers midi les températures de l'air au-dessus du plan d'eau et celles au-dessus des berges étaient rigoureusement égales. Donc plus aucun déplacement de l'air froid plus lourd vers les masses d'air chaud plus légères. L'équilibre thermique atteint, c'était à nouveau le « poteau noir»* avec Éole* bien endormi.

Mais à 14 h, ma « gueule de vent debout » disparut car une brise de plus en plus affirmée nous permit de régater jusqu'à 16 h, toujours avec des vents irréguliers et tourbillonnants mais avec une brise permettant les manœuvres tactiques.
Des courants d'air thermiques entraient dans la danse tout simplement parce que le soleil réchauffait l'atmosphère au-dessus des berges et des collines autour du plan d'eau, tandis que l'air au-dessus de la surface de l'eau demeurait plus froid.
La mécanique cyclique des masses d'air froides se déplaçant vers la dépression créée par les masses d'air chaudes se renforçait au fur et à mesure que la température environnante augmentait...

Mais vers 16 h le vent mollit très rapidement car l'équilibre thermique entre la berge et le centre du plan d'eau impliqua à nouveau une pétole qui ne nous gêna cependant pas, puisque la régate était «pliée» et que tous les skippers venant de loin étaient pressés d'aller embrasser leur dulcinée.

Alors, dans les années 50, quand je faisais de la voile dans la baie de Bénodet dans le Finistère-Sud, le matin un vent de terre se levait, puis l'après c'était un vent de mer qui gonflait les voiles du vaurien N° 14.
En effet, tout vent est généré par des zones d'air froid se déplaçant vers des zones d'air chaud : c'est ce couple pression-dépression qui est le moteur du vent.

Voilà comment discerner la « Pétole » des « Vents Thermiques » et voilà pourquoi comprendre qu'Éole est certes capricieux, sur un micro-bassin comme celui de Montville, mais, que ses siestes sont prévisibles, et qu'il se réveille toujours en soupirant pour notre plaisir.
Jean Louis Richard et Robert Paul, le 13 août 2017

* Notes :


  1. "Gueule de vent debout" veut dire pour les marins "la tête des mauvais jours".
  2. "Pétole" désigne chez les marins l'absence de vent ou le "calme plat" ou encore le "fameux poteau noir" tant redouté par les skippers qui traverse l'Atlantique.
  3. "Éole" est le dieu mythologique grec du vent.

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