samedi 12 janvier 2019

Qui a inventé le Balestron ?

Dans notre club, nombreux sont les RG65, surtout les RG, gréés avec un balestron notamment pour leur jeu A de voiles adapté au petit temps.

Savez-vous que c'est un capitaine au long cours sur son trois mâts qui inventa ce système ingénieux au XIX° siècle et que ses ports d'attaches étaient ROUEN et le HAVRE ?

Chaque fois que j'utilise mon balestron, j'ai le sentiment que "mon foudre de guerre, le RG65 Goth XP N° 252", doit sa redoutable rapidité au génie d'un Normand.

-Le Goth XP armé avec un balestron-


Pierre Onésime FREMONT (1812 – 1899)



"Quillebeuf, un village niché dans le dernier méandre de la Seine , au riche passé maritime, une famille respectée dont tous les hommes, depuis des générations, sont capitaines de navires comme l'arrière-grand-père, le capitaine Pierre Frémont, est le commanditaire de l’ex-voto se trouvant encore aujourd’hui dans l’église Notre-Dame de Bon-Port. 
Au XIX°siècle, la marine à voile de commerce est à son apogée et un enfant né dans un environnement aussi particulier pouvait-il réellement échapper à sa destinée ?

Pierre Onésime Frémont, né en 1812, inscrit maritime à Honfleur, embarque dès l’âge de 13 ans, et naviguera sans interruption pendant 45  ans. 
En qualité de mousse, novice puis matelot, ses premiers voyages l’emmènent successivement à Saint-Pétersbourg, Marseille, Philadelphie, Charleston et aux Antilles. 
En décembre 1829, à peine âgé de 17 ans, lors de son premier embarquement comme lieutenant, le trois-mâts Mississipi, commandé par le capitaine Charles Gotrot, ancien corsaire du Roy, est attaqué par les pirates au niveau des îles Bahamas. 
La grande expérience du commandant permettra une issue heureuse à un épisode qui aurait pu se terminer de façon bien plus dramatique.

Le 25 juin 1843, après cinq années passées « à l’état », à bord du  Lévrier, Pierre Frémont obtient, à l’âge de 31 ans, son diplôme de capitaine au long cours, et va ainsi pouvoir s’engager sur la route tracée par ses ancêtres.

Pendant presque 25 ans, il va désormais commander des trois-mâts transatlantiques, au départ de Rouen et surtout du Havre, essentiellement sous l’armement de Frédéric Perquer, contribuant activement à la création de la ligne régulière Le Havre – Buenos-Aires, avant de finir sa carrière, à 55 ans passés, comme Capitaine-Inspecteur des Assurances Maritimes du Havre.

Mais, en plus des spécificités inhérentes à son métier, la vie de cet homme d’exception sera émaillée de nombreux événements : durant les cinq années passées à bord du Lévrier, en station dans le port de Dieppe, il participe, seul ou en compagnie de l’équipage du cotre de guerre, à plusieurs opérations de sauvetage à l’occasion desquelles il montre un grand courage, et pour lesquels il est décoré à plusieurs reprises. Les journaux dieppois de l’époque ont largement commenté ces différents actes de bravoure.

En 1849, Pierre Frémont identifie un haut-fond dans le Rio de la Plata dont il signale l’existence au Ministère de la Marine, profitant de l’occasion pour formuler des griefs à l’égard du Consul de France à Bahia (Brésil) qui, lors du même voyage, s’est comporté envers lui d’une façon pour le moins cavalière. 
Après confirmation par les services hydrographiques argentins, le banc de sable portera définitivement le nom de la Ville de Rouen.
Le trois-mâts qu’il commandait alors, fait naufrage l’année suivante, lors d’une terrible tempête en rade de Montevideo, dans un contexte politico-militaire très complexe.

La même année, il épouse, à Quillebeuf, Marguerite Rose Parquet, descendante d’une dynastie de pilotes quillebois.

Inventeur d’un ingénieux système de réduction de voilure – "le hunier à balestron" – qui sera largement utilisé sur de nombreux bâtiments du commerce, il est récompensé par une médaille lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1867, puis élevé au rang de Chevalier de la Légion d’Honneur."

Alors pourquoi le balestron est-il si intéressant pour nous les skippers de voiliers radiocommandés de compétition ?


La réponse de Hervé GENARD, notre maître voilier, est simple.
"Un gréement balestron permet à la surface totale de la voilure d'être portante alors que le gréement classique, avec la grand-voile et le foc indépendants n'est pas toujours efficace sur toute leur surface. Cela s'explique puisque le balestron permet à la grand-voile et au foc d'être toujours dans le même alignement quelque soit l'allure surtout au vent arrière".                                                        Jean Louis Richard