vendredi 10 juin 2016

La mise au point d'un nouveau gréement "Balestron" est une opération délicate.
Le Goth XP de Jean Louis pendant les essais d'un nouveau "Balestron". Photo : Francis

Jean-Marc a gentiment servi de lièvre à Jean Louis pour des essais.
"Paris ne s'est pas fait en un jour" ; un "balestron" demande un ajustement très pointu pour bien équilibrer le rapport entre la Grand-voile et le Foc.
Merci à Jean-Marc du coup de main : ça vient peu à peu...Bien sûr maître Jean-Marc est toujours devant mais les écarts se réduisent.
Jean Louis part sur des principes de réglages selon Antoine Froment, le responsable de la Classe RG65 en France :
  1. Ouverture du foc à 30 mm entre le foc et le mât
  2. Twist (torsion) foc à 15 mm
  3. Twist (torsion) Grand-voile à 10 mm
  4. Creux Grand-voile à 12 mm
  5. Ouverture de la bôme 5 mm par rapport à l'axe
  6. Ouverture entre le Pataras et la chute avant la dernière latte : 35 à 40 mm
C'est évident qu'à partir de ces repères de base, il faut jouer délicatement sur chacun de ces réglages pour équilibrer l'ensemble du gréement qui doit être le plus rigide possible (contrairement à un gréement classique qui réclame des réglages plus souples). C'est loin d'être évident et il convient de régler paramètre après paramètre, de faire des essais comparatifs et c'est là qu'un lièvre se révèle le partenaire indispensable pour comparer la vitesse des bateaux. 
A la prochaine séance de navigation, Jean Louis vient avec un décimètre pour contrôler tous les paramètres de son gréement pour peu à peu en affiner les réglages...


Sur ce nouveau Balestron, tout le gréement est monté sur un mât conique en carbone, la bôme en carbone. Le tout est ultra légé.                                     Photo : Jean-François

INFORMATION ET COMMENTAIRE : La navigation avec un balestron est vraiment différente de celle avec un gréement classique : on ne peut pas se permettre de rester "planter" vent debout car l'ensemble du gréement pivotant librement (avec un roulement à bille) dans le puits de mât agit comme une girouette seulement contrôlé par l'unique écoute qui ne peut pas border le balestron à moins de 5mm du point d'écoute, autrement dit du point de tire. L'axe du bateau doit donc impérativement être au minimum à 30° de celui du lit du vent. 
Dans le vent faible et instable, le virement d'une bouée peut donc se révéler catastrophique si le bateau n'a pas assez de vitesse et se plante vent debout, voiles battantes (ou faseillantes) ; et là c'est la galère assurée car il n'y a plus que le gouvernail qui peut agir (ou un changement de direction du vent). 
Le défit, avec un balestron, est donc de garder les voiles bien pleines et d'être toujours dans une dynamique de mouvement. 

A ce propos, il est intéressant de visionner les vidéos et suivre les courses du N°63 du champion  Patrice MONTERO ou d'Antoine FROMENT N° 82, second, lors du National : leurs voiles ne battent pratiquement jamais; et sont toujours bien gonflées par le vent. Les skippers hyper concentrés sur leur navigation veillent continuellement sur leur cap dans les bords de près serré en prenant bien garde de ne pas trop lofer. Leurs virements de bord sont particulièrement bien réalisés en pleine puissance pour ne pas perdre du temps et de la distance: c'est du grand art !

C'est donc un tour de main qui s'attrape avec l'expérience en ne cherchant pas à virer au plus près mais en abattant un peu avant la manoeuvre. Facile à dire mais plus difficile à réussir quand on est dans le coeur de l'action sous la pression de la course.

DES CHOIX TECHNIQUES PERSONNELS :
Sur ce "Balestron" d'origine, le mât est un simple tube en carbonne, la bôme fixe est faîte avec un flèche d'arc en aluminium, les voiles sont en tissu tramé et le tout est donc un peu trop lourd. Avec ce gréement, Pedro Dos Santos est tout de même arrivé 5ème au classement général du National avec les places suivantes : 1-5-5-4-9-5-2-6-4-5-3-9.                                                           Photo : Jean Louis

L'objectif, pour ce Goth XP 252, est de mettre au point un second jeu de voiles gréé en balestron un peu plus léger pour gagner en vitesse et réactivité dans le tout petit temps. Voila la raison de ces entraînements avec le formidable lièvre qu'est Jean-Marc. Si la partie est loin d'être gagnée d'avance, ça vaut le coup d'essayer car ce bateau a déjà un beau palmarès à son actif et n'a donc rien à perdre.

Ce bateau dispose maintenant de 5 gréements : 1 jeu A, 1 jeu B, 1 jeu C de voiles gréées classiques, 1 balestron Jeu A+, 1 balestron Jeu A-. d'une quille avec un lest d'origine et d'une quille pour le tout petit temps avec un lest plus léger. L'avantage est une grande possibilité de choix selon la force du vent ; l'inconvénient est de multiplier la complexité des réglages des voiles.

Il faut savoir qu'en régate officielle, il est interdit de changer la quille durant les courses. Donc l'option de deux quilles ne fait pas l'unanimité chez les skippers car elle multiplie les réglages possibles et rend donc leur gestion complexe.L'utilisation de la quille légère n'est donc conseillée qu'en cas de tout petit temps durable après avoir effectuer des essais pour la mise au point des réglages.


le 191 passera devant le 252 après le top départ du match racing..Photo : Francis.
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